2008 - REUNION ENSEIGNEMENT DU 3 JUILLET 2008 à l’hôpital St Jacques
Etaient présents : Dr Jean Luc Allier, Dr Jacques Boulet, Dr Chantal Chemla, Dr Philippe Champion, Dr Gérard Delahaye, Dr Micheline Deltombe, Dr Antoine Demonceaux, Dr Didier Deswarte, Dr J.P.Dupré, Dr François Gassin, Dr Jean François Gouteyron, Dr Dominique Jeulin, , Dr Patricia Le Roux, Mr Quemoun, Dr Gérard Sanchis et Dr Jacques Bildet, maître de conférence, praticien hospitalier à Bordeaux.
Excusés : Dr Mourad Benabdallah, Dr Denis Laforgue, Dr Gérard Langman, Dr Yves Maillet, Dr Guy Rougier, Dr Daniel Scimeca, Dr Pierre Popowski.
Nous tenons tout d’abord à remercier le Dr Dupré et l’Hôpital St Jacques de continuer à nous accueillir ainsi que l’Ordre de malte de nous avoir mis à disposition une magnifique salle, étant donné l’indisponibilité des locaux au Centre St jacques pour cause de travaux.
Au nom du bureau de la Société savante, je remercie aussi tous les confrères présents d’avoir donné suite à cette invitation à se revoir une nouvelle fois pour avancer dans notre projet de construction en commun d’un diplôme d’homéopathie médicale qui puisse être validé par l’université. C’est justement le risque de voir l’homéopathie se séparer du monde de la médecine qui nous motive tous à ce travail. L’homéopathie enseignée ou pratiquée par des non médecins nous expose à des dérives conceptuelles d’une part et aussi à un risque de préjudice et de « perte de chance » aux patients.
Lors de la première réunion, nous avions décidé de concrétiser de manière plus formelle un programme sur lequel nous puissions nous entendre, et le travail devait donc être plus concret.
Le tour de table, en fait a révélé des problèmes de fond non encore résolus ou évoqués qui ont eu le mérite d’éclaircir les enjeux et aussi de complexifier les solutions que nous avions évoquées.
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ECHANGES DE LA MATINEE
Dr P. LE ROUX - Animatrice
Dr J.L. ALLIER, DIU d’homéopathie à Bobigny commun à Marseille
But de le faire reconnaître par l’ordre des médecins.
Etonné de voir sur certains logiciels pour médecins généralistes (LOGITEC), des possibilités de prescrire des recettes homéopathiques.
Volonté d’harmoniser les écoles existantes.
Dr C. CHEMLA, Présidente école INHF Paris, de type uniciste.
D’accord pour une intégration universitaire, mais pas à n’importe quel prix.
Quel en sera le modèle ?
Nous devons établir des fondamentaux minima.
Oui à un DIU, mais non isolé de l’Europe et du monde.
L’idée serait de faire un an de probatoire universitaire puis deux ans d’école privée avec un
mémoire validé en fin de cycle.
Il y aurait un espace de liberté entre deux passerelles.
Dr Ph. CHAMPION, président du CHF rappelle la formation qu’il représente qui se fait sur
trois ans.
Il exprime l’inquiétude que les étudiants ne viennent plus dans les écoles privées.
Il insiste sur la nécessité d’un nombre d’heures d’enseignement comme dans le programme de l’Ecole Française.
Dr J.F. GOUTEYRON, ORL, Vice Président du CHF.
Le diplôme est une condition d’existence de l’homéopathie.
Les écoles doivent être reconnues, on y développe une culture et une approche particulière, liées à la discipline homéopathique.
Proposition : une première année à valider dans les écoles privées en probatoire,
ensuite deux années universitaires, puis un mémoire proposé par les écoles privées et validé par l’université.
Par la suite, perfectionnement en formation médicale continue sous contrôle universitaire.
Dr G. SANCHEZ, responsable du DIU de l’université de Bordeaux
« De le même façon que le médecin reconnaît le patient aux travers de ses symptômes et modalités, de la même façon l’homéopathie doit être reconnue et pour cela nous devons trouver un langage commun ». Nous avons différents courants, en médecine orthodoxe aussi.
Nous avons en commun d’avoir une approche clinique.
Le DIU est basé sur le savoir clinique, avec des bases nosologiques intégrées.
Patricia Le Roux appuie sur la notion de concept de médecine intégrée.
Dr J. BILDET nous rappelle les règles administratives, de l’université, pour laquelle il n’y pas de passerelle avec les écoles privées.
La formation de base doit être universitaire. Des essais ont été faits sur trois ans puis deux ans. Une des règles d’or, c’est la nécessité d’autofinancement du DIU, avec au minimum 15 inscrits pour avoir un équilibre financier, une duré de deux ans. Des passerelles peuvent être envisagées mais uniquement dans un deuxième temps, par exemple en fin de 2e année.
Dr G. DELAHAYE nous rappelle que depuis janvier 2008, la donne est bouleversée et que nous ne savons pas encore quelles seront les futures modalités de la formation médicale continue en particulier.
L’EPP reste le parcours le plus probable. La FMC va faire partie de l’EPP au niveau de la performance économique et de l’acte médical. A la place de l’obligation de moyens, on parle maintenant d’exigence de résultat.
Pour l’accréditation universitaire d’un enseignement à type de diplôme universitaire, les étapes sont tout d’abord le conseil scientifique pour le fond et la forme, ensuite le conseil de gestion de l’UFR, ensuite le conseil d’université et enfin l’accréditation.
Le programme d’un DIU doit être en équilibre financier. Le coût moyen d’un étudiant est de 500 à 700 euros. Pour que l’équilibre des comptes soit réalisé, il faut au moins 20 étudiants.
Un autre système est possible de type professionnalisant, débouchant sur la profession d’homéopathe, mais c’est alors un diplôme d’état.
Une durée d’un DIU est d’une centaine d’heures environ.
Tous les DIU de la faculté ont le même cahier des charges, et donc les mêmes règles.
Dr J.F. GOUTEYRON proposerait une année probatoire dans les écoles privées, ensuite un DIU universitaire puis un mémoire.
G.DELAHAYE nous affirme qu’un mémoire présenté par des écoles ne sera pas accepté par l’université. Cela serait une impossibilité administrative.
Albert QUEMOUN représentant l’institut homéopathique scientifique : chaque école a son individualité qu’il faudrait pouvoir conserver. Une convergence vers l’université est souhaitable.
Valider le médicament homéopathique ne semble pas possible par contre valider des connaissances, c’est possible, en particulier la connaissance de la matière médicale.
Dr J.P. DUPRE, responsable de l’activité de consultation du centre St Jacques, qui fonctionne, rappelle t-il, par l’apport financier du CHF. Dans l’enseignement le message doit être intelligible par tous. L’enseignement doit être intelligible par l’étudiant. La structure est seconde.
Dr J. BOULET, responsable du CEDH : une école, c’est une école de pensée, avec une cohérence des enseignants, qui sont 150 répartis dans le monde. L’opposition du pluralisme et de l’unicisme est un vieux problème.
Le discours du CEDH est clinique, ce qui permet l’intégration de l’homéopathie dans les EPP, dans la santé publique. Nous sommes des cliniciens, avec une sémiologie de valeur.
L’homéopathie appartient à tous les médecins, qui doivent devenir de plus en plus experts. Le cadre du CEDH en tant que DIU comporte une centaine d’heures sur un an, un enseignement court et nerveux, la suite se faisant en perfectionnement par la formation médicale continue.
Il ne faut pas aller vers la spécialisation, par contre les médecins doivent devenir de plus en plus experts.
Le CEDH est maintenant autonome par rapport au laboratoire BOIRON ? avec encore un peu
de subvention. Le recrutement a faibli, par crise des vocations.
Dr A. DEMONCEAUX, le contact avec les facultés de médecine est souvent difficile face à des « egos » parfois délirants. Les facultés de pharmacie sont par contre très accueillantes.
Dr G. DELAHAYE, un aspect financier est à prendre en compte. Les DIU de Bobigny ont permis aux UFR de vivre.
Les médecins homéopathes en 2008 sont dans les structures de soins. Le médecin homéopathe est un acteur de soins. L’acte soignant est un acte médical. Les médecins homéopathes sont adaptables à la médecine générale, ainsi la douleur chronique, les soins de support en cancérologie, l’aspect multidimensionnel de la maladie.
Dr D. JEULIN, le problème de la chute de la démographie médicale est une chance. Il y a besoin de médecins. Tout médecin pratiquant l’homéopathie ou l’acupuncture est véritablement dans une démarche médicale. Nous faisons des demandes d’ALD.
Dr F. GASSIN, trois problèmes : le notion d’une cohérence à trouver, d’une diversité de notre milieu, et d’un enseignement à trouver.
Nous avons des dérives incohérentes qu’il faut clarifier. Des confrères sont poursuivis pour charlatanisme. Certaines pratiques particulières s’observent, ainsi la prescription de remèdes homéopathiques par la prise des pouls, de l’acupuncture sans passer par une démarche clinique et diagnostique.
Dans certains congrès internationaux, nous côtoyons des homéopathes non médecins.
Les écoles devraient garder leur indépendance par rapport à l’université. En faculté, il faut 100 heures de base pour les médecins.
Le rôle de la SSH sera de coordonner les écoles. Il faut développer les stages au cabinet médical et instaurer ainsi un véritable savoir faire.
Dr J.L. ALLIER, envisager un probatoire, une formation de base de type DIU sur deux ans, puis la participation des écoles dans le FMC.
Dr J. BILDET : 100 heures ne me semblent pas suffisantes, par un DIU.
Dr G. DELAHAYE : quelles sont les limites à donner à l’enseignement aux pharmaciens ?
le médecin doit conserver un rôle d’expert et avoir une formation de haut niveau.
Dr A. DEMONCEAUX : les pharmaciens sont conscients des limites et du rôle des médecins.
A ce stade de l’échange, 200 heures semblent donc nécessaires, pour la validation d’un DIU reconnu par l’ordre de médecins et permettant ainsi au praticien de préciser sa pratique de l’homéopathie sur les ordonnances.
Dr G. DELAHAYE : 71% des patients vus en médecine générale correspondent à des tableaux cliniques et maladies non identifiées. Un travail épidémiologique est ici intéressant à
faire ainsi que de cerner les profils de patients.
ECHANGES DE L’APRES MIDI
P. LE ROUX : les écoles peuvent-elles trouver leur place ?
G. DELAHAYE : de manière informelle. Rien n’empêchera les différents enseignants des écoles de participer aux enseignements de type universitaire.
A. DEMONCEAUX : il ne faut pas diluer les écoles.
G. DELAHAYE : trouver un programme de base pour rapprocher les enseignements.
C. CHEMLA : envisager le contenu du programme, dégager une cohérence, des modules de méthodologie, de matière médicale, de clinique. Chaque doit se reconnaître. Lancer des modules de perfectionnement.
P. LE ROUX : un programme pour faire quoi ?
J. BOULET : le CEDH fonctionne avec 100 médicaments, l’enseignement aborde 1/5 d’étude théorique, 2/5 d’étude de médicaments, et 2/5 d’étude clinique et thérapeutique.
J.L.ALLIER : demande de définir le nombre d’heures pour chaque catégorie. La pratique symptomatique nosologique n’est pas suffisante. Il faut soigner la personne et non pas le symptôme, la traiter dans sa globalité.
A. DEMONCEAUX : il faut former des médecins les plus experts possibles, envisager le
patient dans sa globalité. Le CEDH procède par étapes.
J. BOULET : démarche homéopathique propre à la maladie et propre au malade. L’apprentissage de l’homéopathie doit être progressif. La matière médicale sert aux deux, au
malade et contre la maladie.
J.L. ALLIER : insiste sur le fait que l'intérêt de l'homéopathie est la prise en charge de l'individu dans sa globalité et sa particularité. Que cela demande une méthodologie vaste et précise et que l'enseignement doit être suffisamment long et complet. Il ne faut pas s'arrêter en chemin dans la prise en compte de la globalité et de la spécificité. La prise en compte d'une sémiologie clinique plus élargie que dans le traitement allopathique (ce qui n'est pas difficile !) n'est pas suffisante et l'enseignement de l'homéopathie ne peut pas se contenter de cela car il reste, dans ces conditions, symptomatique ce qui n'est pas l'esprit de l'homéopathie.
G.DELAHAYE : les tableaux cliniques ne sont pas identifiés dans la classification internationale CIM10. Nous pouvons nous inspirer des syndromes généraux d’adaptation au stress. L’exposition particulière au mal être du patient.
Distinguer la représentation du patient face à la maladie, la représentation du médecin face au patient, l’observance et l’adhésion du patient. Un malade compris aura une observance positive et un traitement opératif. Une non adhésion entraîne une mauvaise observance.
Pourquoi un patient vient-il voir un médecin homéopathe ? c’est une question à poser en début d’enseignement. Comment identifier le tableau clinique homéopathie ?
Gérard SANCHEZ, le mot clé c’est reconnaître. Après avoir replacé la pathologie aigue dans la grille de Hering, la clinique homéopathique se définit en cinq points :
Un aspect étiologique, un aspect anatomopathologique et physiopathologique, un aspect pathogénétique, la notion de type sensible, et enfin le mode réactionnel général autrefois qualifié de diathésique.
Le patient a un désir d’adaptation, car la vie c’est l’adaptation, avec la règle des trois « R » : je reçois l’information, je régis l’information, je régule les réactions.
G.DELAHAYE : reprenons le langage médical d’aujourd’hui, parlons du syndrome général d’adaptation de Selye.
P. LE ROUX : nous efforcerons de travailler sur cette trame en s’efforçant de trouver des termes génériques.
J. BOULET : nous propose 150 heures d’enseignement.
J.L. ALLIER : demande un nombre d’heures pour chaque module, et plus d’apport théorique.
A. DEMONCEAUX : approcher la pratique par l’approche répertoriale et des travaux dirigés, développer un savoir être, changer sa façon de penser, pratiquer et apprendre la matière médicale.
C. CHEMLA : constituer un cadre avec un minimum d’heures, développer les fondamentaux.
Nous nous donnons comme but d’élaborer un programme d’ici la prochaine réunion à définir
à partir de fin novembre.
Dr Didier DESWARTE